Table des matières





Généralités

Cet article a pour but de présenter de façon empirique mais pratique, les possibilités offertes à un astronome amateur pour le choix de ses oculaires, en fonction du rapport focal de son télescope (ou de sa lunette astronomique).  Vous trouverez également en bas de cette page, un petit outil vous permettant de faire des calculs de grossissement, basé sur les caractéristiques de votre instrument et des oculaires.

Dans ce qui suivra ci-dessous je présente différentes mesures que je vais tout d'abord expliciter un minimum pour les lecteurs qui n'y sont pas habitués :

Caractéristiques des instruments :

  • F : La longueur focale d'un instrument en millimètres.
  • D : Le diamêtre de l'instrument en millimètres.
  • FD ou F/D : Le rapport focal de l'instrument ou "ouverture" (focale en mm divisée par diamètre en mm).

Caractéristiques des oculaires :

  • f : La longueur focale de l'oculaire en mm.
  • Ca : Champ apparent, ou cercle image, indiqué en °
  • Caf : Champ apparent x focale oculaire : mesure un peu "bizarre" de prime abord, consiste à multiplier la focale de l'oculaire par son champ apparent (nous y reviendrons plus tard).

Caractéristiques par association instruments + oculaires :

  • G : Le grossissement, calculé par F/f.
  • Pu : Pupille de sortie à l'oculaire, calculée par D/G ou f/FD.
  • Cr : Champ Réel : Ca/G : le champ réellement observé sur le ciel en °. Se calcule aussi avec Caf/F
  • CrF : Champ Réel dans le ciel x Focale Instrument ; cette mesure est toujours égale à la mesure Caf !

Il y a égalité entre les mesures Caf (Champ apparent x f oculaire) et CrF (Champ réel sur le ciel x F instrument)





Le rapport focal F/D

(autrement appelé "ouverture") est un chiffre très simple à calculer. Il suffit de diviser la longueur focale de l'instrument par le diamêtre de son objectif ou de son miroir principal.
Par exemple, un télescope de 200 mm de diamètre et de 2000 mm de focale (comme le Célestron 8) a un rapport F/D égal à 10.

Les objectifs d'appareils photographiques sont généralement caractérisés par :

  • leur longueure focale, on parlera par exemple d'un objectif de 50 mm,
  • leur rapport F/D ou "ouverture" : 2,8 par exemple.

On dira alors qu'on a un objectif de 50mm ouvert à 2,8.

L'ouverture d'une optique est un facteur très important pour la photographie, aussi bien pour une utilisation diurne qu'astronomique ! Le temps de pose photographique augmente avec la valeur de ce rapport F/D. Par exemple il double quasiment entre un objectif à F/D 6 et un autre à F/D 10. On dira alors qu'un instrument à FD 6 est 2 fois plus "lumineux" qu'un instrument à FD 10. Cependant cette notion ne vaut que pour la photographie au foyer. Pour une observation visuelle, la luminosité dépend "basiquement" du diamêtre de l'instrument et du grossissement.

Pour un usage purement visuel, le rapport F/D n'a pas la même connotation. Plus le diamètre est important plus on reçoit de lumière. Le rapport F/D est toutefois utile pour déterminer simplement la focale des oculaires les mieux adaptés à un instrument. Il permet donc de déterminer quelle gamme d'oculaires utiliser pour ne pas dépasser les possibilités optique de votre instrument, et ce, quelque soit son diamètre ! Nous avons vu plus haut que le facteur de grossissement obtenu à l'oculaire est calculé par la formule F/f et que la "pupille de sortie", c'est à dire la taille du faisseau de l'image produite en sortie d'oculaire, dépend du grossissement et du diamêtre de l'instrument. On a donc un rapport direct entre le rapport F/D (ouverture), la pupille de sortie et la focale de l'oculaire ! Ce rapport F/D nous permet donc immédiatement de calculer une gamme d'oculaires adaptés à vos besoins.

L'idée est ici de permettre à n'importe quel astronome amateur de définir la gamme de focales de ses oculaires directement en fonction du rapport F/D de son instrument.





Bien choisir la focale de ses oculaires

Pour illustrer chaque formule, j'ai pris comme exemple les trois instruments suivants :

  • Une lunette Skywatcher 80 / 400 (focale = 400mm) F/D = 5
  • Une lunette Skywatcher 80ED Pro (focale = 600mm) F/D = 7,5
  • Un télescope Celestron 8 Schmidt-Cassegrain (focale = 2000mm) F/D = 10

Grossissement minimum théorique : pupille à 5mm : f oculaire = 5 * F/D

  • 80/400 : 25 mm (convient aussi pour un Newton 200/1000 par exemple)
  • 80/600 : 37 mm
  • 200/2000 : 50 mm - totalement déconseillé...

Donne le champs théorique le plus grand mais ne s'applique pas nécessairement dans la réalité... la pollution lumineuse donnera un fond de ciel trop clair et pas assez de contraste, en cas, cela peut transformer le télescope en espece de chercheur... Ce grossissement minimum peut par contre s'utiliser sous des cieux purs de montagne, à l'abris de lumières parasites, ou pour utiliser des filtres très restrictifs.
On obtient ici un grossissement "équipupillaire", c'est à dire que la pupille de sortie du télercope est égale à celle de l'oeil dans l'obscurité.
Pourquoi 5 x F/D ? Ce calcul se base sur le fait qu'une pupille moyenne d'adulte dépasse rarement 5mm. La pupille de sortie est donc ici calculée pour 5mm. Grossir moins équivaut à obtenir une pupille plus grande que l'ouverture maximale de l'iris, à diaphragmer le télescope avec l'iris de l'oeil, donc à en réduire "virtuellement" le diamêtre utile. On n'aura ainsi aucun gain de lumière en grossissant moins, on aura un champs plus grand mais au détriment d'une forte luminosité du fond du ciel, et sur les télescopes on sera certainement géné par l'ombre du miroir secondaire.
Beaucoup de sites utilisent en référence une pupille de 6mm ou 7mm. Il y a même une courbe des âges permettant d'obtenir plus si vous êtes jeunes, mais cette "dilatation" de l'iris est très rare et impose que vous subissiez de longues périodes dans l'obscurité la plus totale, dilatation détruite bien évidemment par une observation au télescope sur des objets brillants, les planètes ou la lune, ou toute autre lumière...
Vous pouvez également réduire cette valeur : si vous avez une idée de votre dilatation pupillaire maximale, utilisez cette valeur dans vos calculs !

Grossissement "moyen" : f = 3*F/D

  • 80/400 : 15 mm (convient aussi pour un Newton 200/1000 par exemple)
  • 80/600 : 24 mm
  • 200/2000 : 30 mm

Grossissement intermédiaire "passe-partout" idéal pour le grand champs : en utilisant un oculaire "grand champs" donnant un champ apparent d'environ 80°, on parvient à voir un ciel équivalent à celui donné par les oculaires cités plus haut, mais avec un contraste et un assombrissement du fond du ciel bien plus favorables à l'observation, d'où une meilleure vision. On bénéficie également de détails plus "gros" ce qui permet de mieux les distinguer. La pupille de sortie de 3mm est très confortable. A ce grossissement, vous observerez les grandes nébuleuses, M31 (en partie ou en entier selon l'instrument), la lune en entier, les planètes dans leur environnement "global" et les conjonctions.

Grossissement "pratique" : f = 2*F/D

  • 80/400 : 10 mm (convient aussi pour un Newton 200/1000 par exemple)
  • 80/600 : 15 mm
  • 200/2000 : 20 mm

Ce grossissement s'utilise de façon générale pour chercher les objets à observer de petite taille, pour les objets moyennement étendus du ciel profond comme les nébuleuses, il permêt aussi l'observation des planètes et de leurs satellites de façon "grand champs" et permet encore d'observer la lune dans son ensemble. Les oculaires de 15 et 20mm sont ceux que j'utilise le plus couremment en dehors des observations purement planétaires. A ces focales, prenez préférentiellement des oculaires grand champs pour encore plus de confort.

Grossissement "résolvant" : pupille = 1mm d'où f oculaire = F/D

  • 80/400 : 5 mm (convient aussi pour un Newton 200/1000 par exemple)
  • 80/600 : 7,5 mm
  • 200/2000 : 10 mm

Grossissement planétaire généraliste, permet de résoudre de nombreux détails mais avec du confort, s'utilise également pour certains objets du ciel profond peu étendus, peut permettre de détailler finement les amas globulaires par exemple. Cette formule donne à l'oculaire une pupille de sortie de 1mm, l'oeil est alors considéré comme parfait, du moins il n'ajoute pas ses propres défauts à ceux du télescope. Les grossissements suppérieurs n'apporteront pas plus de détails mais permettront dans certains cas de mieux les distinguer si les conditions de turbulence le permettent. En bref, le gossissement résolvant est une constante sur tous les instruments et donne une base pour une observation détaillée "raisonnable".

Grossissement "haute résolution" : f oculaire = 0,75 * F/D

  • 80/400 : 4 à 3,6 mm (convient aussi pour un Newton 200/1000 par exemple)
  • 80/600 : 6 à 5 mm
  • 200/2000 : 8 à 7 mm

Grossissement planétaire "haute résolution" à mi-chemin entre le grossissement planétaire général et le grossissement maximum théorique, permet quand les conditions atmosphériques le permettent, de résoudre des détails planétaires très fins. Moins confortable que le grossissement "résolvant". Grossir plus n'apportera aucun détail supplémentaire et se fera au détriment de la luminosité et du contraste, sauf dans de rares cas de faible turbulence.

Nous vous recommandons de ne pas dépasser ce grossissement pour conserver une image correcte et une vision sans trop de difficultés.

Grossissement "Maximum théorique" : f oculaire = 0,5 à 0,4 * F/D

  • 80/400 : 2,5 à 2 mm  (convient aussi pour un Newton 200/1000 par exemple)
  • 80/600 : 3,6 à 3 mm
  • 200/2000 : 5 à 4 mm

Grossissement très difficile à utiliser à cause des conditions habituelles de turbulence. Si les conditions le permettent c'est le plus fort grossissement planétaire/étoiles doubles. Généralement inconfortable et délicat à utiliser, il nécessite une bonne monture pour le suivi des objets pointés et une approche à faible grossissement pour bien centrer ces objets. La pupille de sortie fait un peu moins d'un demi millimètre de diamètre, la luminosité commence à baisser très notablement. Ces grossissements sont assez généralement inutilisables dans des conditions de ciel "moyennes". A voir en altitude et sous des ciels cléments peut-être...

Grossissement "de collimation" : f oculaire = F/D / 4

  • 80/400 : 1,25 mm (convient aussi pour un Newton 200/1000 par exemple) donc oculaire de 2,5mm + barlow 2x
  • 80/600 : 2 mm
  • 200/2000 : 2,5 mm

Grossissement impossible à utiliser dans des conditions normales, ce grossissement sert uniquement à collimater (ou plutôt à terminer la collimation de) votre instrument. L'idée ici sera de voir une énorme tâche de diffraction et d'ajuster le plus finement possible les éléments optiques de votre télescope pour parfaire son fonctionnement. A faire par exemple pour de l'imagerie planétaire.

Une formule permet de déterminer le grossissement "maximum utilisable" : 2,5 * D avec D = diamètre de l'objectif du télescope en mm. Cela donne 500x sur le C8, ce qui correspond à un oculaire de 4mm de focale mais nous trouvons que ce calcul est un peu trop théorique dans les faits pour donner de bons résultats. Rares sont les optiques suffisemment qualitatives pour permettre ce type de grossissements eu égard à leur diamètre...

Maintenant que nous avons déterminé quelles focales nous intéressent. Il faut savoir que ces valeurs de focales sont "indicatives" et peuvent être retouchées à quelque chose près selon les oculaires existant, Par exemple si vous avez calculé que vous voudriez un oculaire de 20mm mais que seuls des oculaires de 22mm sont disponibles, pas de panique le résultat sera très proche. Dans l'idéal, voyez la focal maxi et la focale mini des oculaires qui vous intéressent puis calculez les focales intermédiaires régulièrement en fonction du nombre d'oculaires souhaités.

Exemple : pour un C8, vous voulez investir dans 4 oculaires. Nous voyons que le C8 est utilisable avec des oculaires de focale 50mm à 5mm environ. Et plutôt de 30mm à 7~8mm pour des raisons de qualité de ciel et de confort. Nous pouvons donc étager nos focales de la façon suivante : un oculaire de 7mm un oculaire de 10mm un oculaire de 20mm et un oculaire de 30mm (en coulant 50,80mm et 80° de champ par exemple). Si ces oculaires sont "grand champ" (typiquement 70 à 90° de champ), ils couvriront des champs sur le ciel qui vous éviteront d'avoir besoin des oculaires de focales intermédiaires.





Quel champ apparant ?

Les oculaires du marché offrent des champs apparents très différents, selon leurs formules optiques.

Pour simplifier on peut dire :

  • plus un oculaire est "simple", moins il y a de lentilles, plus le champ est petit.
  • plus un oculaire est "complexe", plus il y a de lentilles, plus le champ est grand.

Ce n'est pas vrai dans tous les cas, puisqu'on trouve des oculaires grand champ à très petit prix tels certains oculaires chinois. La qualité d'image s'en ressent, surtout aux bords de l'image, mais certains oculaires s'en sortent assez bien, sans bien sur égaler toutefois les ténors de cette catégorie (Nagler, Panoptic...)

  • Ultra grand champ (›= 90°) : actuellement sur le marché il n'existe que la gamme Televue Ethos avec 100°. Attention ils sont généralement difficiles à utiliser et ne plaisent pas à tout le monde !
  • Très Grand champ (›= 70°) : les plus célèbres sont les Televue Nagler 82° mais depuis un certain temps, les oculaires Explore Scientific 82° sont sortis et ils représentent un excellent choix avec une qualité semblable et un prix moitié moindre ! Les plus qualitatifs de cette catégorie sont à notre avis les excellents oculaires Pentax SMC XW.
  • Grand champ (›= 60°) : les Televue Panoptic, avec 68° sont là aussi des références mais, de la même façon, les Explore Scientific 68° (le 24mm en particulier) sont proprement excellents.
  • Champ moyen (›= 50°) : généralement type Plössl, existent dans de très nombreuses marques et variantes, les Sky-Watcher WA 58° sont bons, de même que les très bons oculaires ARTNED ou TSNED (TS ou ArteSky) et les ARTPF (environ 60 / 65°) qui offrent un excellent rapport qualité/prix..
  • Champ réduit (‹ <50°) : le royaume des oculaires de types orthoscopiques, RKE ou super-monocentriques. Ils dépassent rarement 45° de champ. La plupart des grandes marques en proposent. Attention toutefois au confort parfois très spartiate... Dans la gamme des oculaires élitistes à la recherche de la meilleure image possible, notons les nouveaux oculaires Takahashi TPL qui devraient devenir les nouvelles références dans ce domaine dés leur sortie en septembre 2023...





La notion de champ X focale (Caf)

Choisir un oculaire en fonction de son champ apparent ou de sa focale est délicat. En fait il faut choisir en fonction de la valeur champ x focale que j'appelle "CAf" (si quelqu'un a un nom à me donner ???), puis de la focale, selon le type d'objet à observer.

Cette mesure est très intéressante et consiste à multiplier la focale d'un oculaire par la valeur de son champ apparent. Par exemple sur un oculaire type Plössl de 10mm avec 52° de champ, cette valeur est de 520.

Intéressante car elle donne une mesure comparative fiable entre les oculaires pour déterminer quel oculaire offre le plus grand champ apparent sur un même instrument. Un bon moyen de classer les oculaires est de les classer selon cette valeur et non pas par focale :

Voici quelques exemples classés par focale :

  • Oculaire Plössl 42mm - 52° : CAf = 2184
  • Oculaire SWAN 40mm - 72° : Caf = 2880
  • Oculaire Televue Nagler 31mm - 82° : CAf = 2542
  • Oculaire Plössl 30mm - 52° : CAf = 1560
  • Oculaire Televue Panoptic 24mm - 68° : CAf = 1632
  • Oculaire UO HD Ortho 18mm - 45° : Caf = 810
  • Oculaire Televue Ethos 17mm - 100° : Caf = 1700
  • Oculaire SW 15mm - 66° : Caf = 990
  • Oculaire Nagler 9mm 82° : Caf = 738

Les mêmes classés par CAf :

  • Oculaire SWAN 40mm - 72° : Caf = 2880
  • Oculaire Televue Nagler 31mm - 82° : Caf = 2542
  • Oculaire Plössl 42mm - 52° : Caf = 2184
  • Oculaire Televue Ethos 17mm - 100° : Caf = 1700
  • Oculaire Televue Panoptic 24mm - 68° : Caf = 1632
  • Oculaire Plössl 30mm - 52° : Caf = 1560
  • Oculaire SW 15mm - 66° : Caf = 990
  • Oculaire UO HD Ortho 18mm - 45° : Caf = 810
  • Oculaire Nagler 9mm 82° : Caf = 738

On constate immédiatement qu'un oculaire de petite focale mais très grand champ peut offrir un champ plus important qu'un oculaire de plus longue focale ! exemple : le nagler 31mm offre beaucoup plus de champ réel sur le ciel qu'un Plössl de 42mm, et ce, quelque soit l'instrument servant à comparer ces deux oculaires !!!





Comment savoir quels oculaires acheter ?

Pour choisir le bon oculaire, il faut :
(Avec un cas concrêt : un C8 Celestron : D=200, F=2000 environ)

  • Déterminer le champ réel qu'on souhaite voir, selon la taille des objets observés (exemple 0,5°, environ le diamêtre de la lune)
  • Avec la focale de votre instrument, en déduire la mesure Caf la plus adéquate : Caf = Cr x F = 0,5 x 2000 = 1000
  • Pour observer le ciel profond, privilégier la mesure Caf la plus grande possible pour avoir un champ sur le ciel le plus grand possible puis à CAf identique ou proche, choisir systématiquement la focale la plus faible possible pour augmenter le grossissement et diminuer la luminosité du fond de ciel. Dans notre exemple, le SW 15mm est le plus adapté !

Notre conseil donc :en observation du ciel profond, pour un champ donné, optez  toujours pour l'oculaire de la plus petite focale possible avec le champ apparent le plus grand possible.

...mais je n'ai pas encore abordé la question de la qualité de l'oculaire, du piqué d'image, etc...





Une question d'argent, hélas !

Certains voudront toujours privilégier le champ apparent dans l'oculaire afin d'éviter d'avoir l'impression de regarder au travers d'un "trou de serrure" (c'est mon cas). On pourra aussi préférer le contraste et le piqué de l'image au détriment du champ apparent, avec des oculaires plus "simples" type orthoscopiques...

  • La première chose à faire donc, est de déterminer quelle gamme de grossissements on souhaite obtenir. Comme nous l'avons vu plus haut, cela se détermine facilement en fonction de l'ouverture du télescope.
  • Ensuite il faut déterminer quelle sera la destination de chaque oculaire :
    - faibles grossissements pour chercher les objets, observer les amas ouverts
    - grossissements moyens pour détailler les nébuleuses, les champs d'étoiles et petits amas
    - forts grossissements pour détailler les planètes, séparer des doubles
  • Pour une observation strictement planétaire, privilégiez toujours la qualité d'image, au détriment du champs apparent.
  • Pour observer en priorité le ciel profond, privilégiez le grossissement le plus fort avec un champ "absolu" le plus grand possible.
  • Pour des observations "mixtes", c'est à vous de voir ce que vous préférez !

Les oculaires sur le marché proposent un champ apparent qui va de 30° environ (monocentriques...) à plus de 100° !!
Il est intéressant, dans l'observation du ciel profond, d'avoir le champ apparent le plus grand possible. On aura alors une impression d'immersion dans le ciel, et disparaît l'impression de regarder dans un oculaire mais on "plonge" littéralement dans le ciel ! Certaines images renvoyées par des oculaires grand champs laissent rêveur pour une vie entière, comme le mythique Nagler 31 mm (un petit monstre qui pese à lui seul le poids d'une petite lunette)...





Corriger l'image avant de mettre un oculaire ?

Ce qui fait la qualité de certains oculaires "haut de gamme" est le fait qu'ils corrigent les aberrations optiques issues de l'instrument, telles que par exemple la COMA des télescopes de Newton. Pour être assuré d'obtenir une image la plus dénuée de COMA possible, nous recommandons systématiquement l'utilisation d'un correcteur de COMA avant l'oculaire pour tous les possesseurs de télescopes de Newton. Dans cette gamme d'accessoires, un modèle nous semble particulièrement intéressant pour l'observation visuelle, le correcteur de coma Kepler.

Il a l'avantage d'être muni d'un porte-oculaires, ce qui le rend utilisable en visuel, et muni d'un filetage M48 pour une utilisation photographique dans un second temps ! Cet accessoire dispose d'un excellent rapport qualité/prix et nous apparait indispensable dés lors qu'on observera avec un télescope de Newton.

L'autre référence très qualitative est le correcteur de COMA de Baader MPCC : cliquer-ici ! Il existe en 2 versions, avec ou sans bagues adaptatrices pour utilisation visuelle...





Coulant 50,80mm ou 31,75mm ?

La taille du champ d'un oculaire dépend de sa focale (20mm par exemple) et de son champ "apparent" (par exemple 60°). Les constructeurs utilisent directement le "bon" coulant pour le bon oculaire, en fonction de ses caractéristiques optiques ! C'est à dire le coulant qui permet d'accueillir le baffle qui matérialise le champ de l'oculaire (diaphragme). Le champ ne dépend pas du coulant, c'est le coulant qui dépend du champ !

Avec le coulant 31,75mm on peut concevoir des oculaires d'au maximum 24mm en 68° (oculaire explore scientific ou Televue Panoptic) soit un Caf maxi de 1632 environ, il a un diaphragme de 27,2mm. Difficile de faire beaucoup plus dans un coulant qui fait 31,75mm de diamètre extérieur en conservant une douille, un appui et une bague de maintien et un filetage pour filtres M28.5 par exemple... Puis si la multiplication de ces deux membres était supérieure, alors il faudrait nécessairement que l'oculaire soit en coulant 50,80mm (ce qui est le cas) pour que le "cone" de lumière ne soit pas coupé mécaniquement par le coulant.

Pour les oculaires avec plus de focale et moins de champ (30mm avec 50°) ca passera aussi en 31,75mm par exemple, mais un 30mm 80° nécessitera forcément du 2" et sera fabriqué en 2" de toute façon :-). Si vous voyez 2 oculaires avec les mêmes caractéristiques mais avec 2 coulants différents, sachez que l'un ne sera pas nécessairement meilleur que l'autre ni plus lumineux pour autant, du moins pas à cause du choix de coulant ! Les oculaires Hyperion sont un peu des cas à part car la partie frontale se dévisse, donnant lieu à une focale moindre d'où l'utilisation d'un coulant 50,80mm...

Enfin dans l'absolu il est toujours intéressant d'utiliser des porte-oculaires, renvoi-coudés et accessoires au coulant 50,80mm le plus longtemps possible dans la chaine optique et de n'avoir qu'une bague réductrice 31,75mm juste avant l'oculaire, surtout pour les instruments les plus ouverts mais c'est aussi déjà le cas la plupart du temps (lunettes, newton...). Ainsi on ne "coupera" pas le cone de lumière trop tôt en 31,75mm.





Notre sélection !

Les oculaires livrés d'origine ave les instruments d'astronomie, lunettes et télescopes sont en quelque sorte des "cadeaux" du fabricant. Leur qualité médiocre voire horrible ne permet en général pas de profiter des qualités de votre instrument et hélas c'est bien compréhensible car les meilleurs oculaires peuvent parfois dépasser plusieurs centaines d'euro pièce !

Idéalement comme nous l'avons vu plus haut, il faut acheter 2, 3 voire 4 bons oculaires pour un télescope en choisissant judicieusement les focales par quelques petits calculs vus précédemment.

Les oculaires à champ "standard" inférieur ou égal à 60°

  • Les oculaires Sky-Watcher Plossl WA 58°, qui, à tout petit prix, offrent une très belle qualité et selon nous un des meilleurs rapports qualité/prix du marché.
  • les ArteSky NED ou les TSNED selon disponibilités, identiques, bien que les TS soient plus chers, ces oculaires de qualité offrent un champ de 60° très agréable et une belle qualité d'image.
  • à tout petit prix, les oculaires ArteSky FlatField Premium (ARTPF) offrent un rapport qualité/prix inégalé ! Excellents pour les astronomes débutants qui veulent de la qualité à petit prix !
  • Les Celestron X-Cel LX jouissent d'une excellente réputation et produisent des images bien piquées, excellentes par exemple en observation planétaire...
  • Enfin, pour des oculaires haut de gamme, les oculaires MC-ABBE de Takahashi sont une belle référence sans compromis, ainsi que les oculaires Vixen SLV et Takahashi TOE ou les excellents Pentax XW... Les tous récents Takahashi TPL sont désormais les meilleurs oculaires de cette gamme et de loin !

Les oculaires grand champ (environ 80°)

Les oculaires "grand champ" : le problème de ces oculaires est le grand nombre de lentilles qui le composent : on aura tendance a avoir une perte de contraste et de piqué et parfois des aberrations chromatiques importantes sur les bords de l'image.

  • Les oculaires Explore Scientific 82° sont nos oculaires préférés. Clairement, ils offrent qualité optique, un confort et un prix raisonnable. Un excellent choix quelque soit la focale donc. A noter que les ES 82° existent dans deux gammes différentes, dans les petites focales, les oculaires de 4,5mm, 6,5mm et 8,5mm sont les plus modernes et un peu meilleurs que les modèles précédents.
  • Les oculaires Baader Morpheus sont très bons, quoi qu'un peu chers et trop gros à notre gout.
  • Dans les petits prix, les oculaires Kepler SuperView 70° sont étonnamment bons voire excellents eu égard à leur prix.
  • Les TS Optics WA 70° sont également un bon choix
  • Les Sky-Panorama de Sky-Watcher sont très bons mais parfois jugés gros et lourds
  • Enfin, pour un oculaire de 30mm et 80°, bon et à petit prix, notre choix va fréquemment vers l'APM UW 30mm 80° et ses nombreux clones pour son champ sur le ciel énorme et sa qualité somme-toutes très correcte eu égard au prix.

Les oculaires planétaires "haute résolution", sans compromis ?

Le choix d'excellents oculaires planétaires s'impose pour l'observation détaillée de la Lune et des planètes (Jupiter, Mars, Saturne essentiellement).

  • Si le prix ne vous freine pas, nos oculaires les plus "recommandés" à notre avis seraient les Pentax SMC XW. Ils sont aussi "grand champ" (pour le ciel profond) avec 70° mais leur qualité optique est redoutable et parfaitement adaptée à des observations planétaires haut de gamme.
  • Si le prix est un frein et que vous souhaitez tout de même une optique avec un excellent rapport qualité/prix, les oculaires NED (ArteSky ou TS) sont excellents eu égard à leur prix.
  • Si vous n'avez pas peur d'un confort spartiate, les oculaires orthoscopiques sont d'avis général, les oculaires planétaires par excellence pour leur transmission et la faible quantité de lentilles (moins de reflets moins de dispersion moins de chromatisme etc...). Notez toutefois que le confort est vraiment absent des petites focales où l’œil viendra très proche de la lentille...
  • Les Explore Scientific 52° sont régulièrement cités et très appréciés pour leur excellente qualité de fabrication. Ils offrent un relief oculaire confortable et une excellente qualité d'image. Le champ relativement modeste, équivalent à un Plössl les réserve plutôt pour une observation planétaire, mais ils ont d'excellents résultats dans ce domaine.

De nombreuses gammes vont plus loin avec jusqu'à 100° voire plus !

Cependant nous recommandons d'essayer ces oculaires si possible en club auprès d'autres membres pour vous faire une opinion. Certains utilisateurs adorent, d'autres détestent, l'utilisation est assez différente car ces oculaires apportent presque autant d’immersion que de contraintes à l'utilisateur.

Enfin, dans tous les cas, au delà de la qualité optique intrinsèque des oculaires, en observation visuelle il y a une immense part de subjectif (confort, port de lunettes de vue, champ large ou pas, reflets, taille et poids de l'oculaire, etc...) qui tient plus de l'observateur et de ses conditions d'utilisation (et du télescope) que de l'oculaire lui-même.

En tant que "vendeurs" nous pouvons vous recommander telle ou telle gamme pour ses qualités, vous indiquer quels oculaires auront du mal ou seront adaptés à votre instrument, selon leur formule optique et vous dire quelles gammes fuir, par contre impossible pour nous de vous dire si vous "aimerez" ou pas l'oculaire. Les astronomes amateurs achètent et vendent énormément d'oculaires en quête de l'oculaire de leurs rêves qui sera parfois un petit oculaire tout bête ou même pas nécessairement cher, mais qui leur conviendra parfaitement. Nous recommandons donc d'essayer, d'acheter peut être des gammes de qualité mais pas nécessairement les plus chers de prime abord, et d'observer le plus régulièrement possible afin d'habituer l’œil à cette pratique et déceler plus de détails à chaque fois (éducation de l’œil)...

Les oculaires réputés comme ayant le meilleur contraste / piqué d'image sont les Astrophysics Super-Monocentriques mais ils sont très très difficiles à acheter (production limitée) et ont un prix à la mesure de leur qualité (environ 300 euros). Leur champ apparent inférieur à 50° ne retiendra pas l'attention des aficionados de grand champs, mais regarder une fois dans un tel oculaire dégoute de beaucoup d'autres modèles...

Vous aurez aussi la possibilité de choisir le grand champ avec de la qualité et du piqué mais généralement pour un prix plus élevé qu'un oculaire de qualité identique avec un champ plus petit.

Attention toutefois à ne pas devenir "fou" du grand champs, c'est un virus qu'on ne perd plus une fois qu'on l'a attrapé !!! ;-)

Quid des oculaires zoom ?

En dehors de quelques rares modèles "efficaces" vous aurez généralement peu de champs apparent, voire très peu, surtout au plus faible grossissement offert par le zoom, et dans de nombreux cas une image à chaque focale, qui ne vaudra pas les oculaires de focales équivalentes.

Si il vous faut un oculaire zoom, Le Baader Hyperion 8~24 est ce qui se fait de mieux, mais commencez peut être par un zoom de "base" pour vous faire une idée du résultat avant de craquer la tirelire sur un zoom !





Quelles oculaires recommandez-vous ?

  • Les Explore-scientific en 52°, 68° et 82° qui ont un prix très correct et une excellente qualité générale, d'où un excellent rapport qualité/prix, comparables aux oculaires Televue, mais moins chers ;-)
  • La plupart des oculaires ArteSky, TS, APM type XWA, ou Lacerta par exemple ou Premium FlatField
  • Les oculaires Sky-Watcher Plössl WA 58° sont étonnamment bons pour leur prix (à ne pas confondre avec des Plössl "de base" de Sky-Watcher par exemple !!)
  • Les ArteSky NED qui offrent une très belle image à petit prix (identiques aux TS NED mais moins chers...).
  • Les Sky-Watcher Sky Panorama sont de très bons oculaires eu égard à leur prix (clones des Celestron) !
  • Les Baader Morpheus sont également très bons, nous les préférons aux Baader Hyperion (un peu dépassés et vieux à notre avis)...
  • Les Pentax SMC XW pour la qualité la qualité et... la qualité ;-) ces oculaires sont simplement excellents !
  • L'oculaire 30mm 80° qu'on trouve de façon générique chez APM ou Sky-Watcher est un excellent oculaire grand champ, un peu moins bon que le Televue mais 7x moins cher...
  • Les oculaires Kepler SuperView pour leur excellent rapport qualité/prix avec le fameux 50mm 65° qui vous offrira le plus grand champ possible du coulant 50,80mm à un prix dérisoire ! (si vous souhaitez un chercheur à petit prix ou un oculaire à très faible grossissement pour trouver facilement vos objets...). Mais également le 30mm 70° habituellement livré avec les Dobson Deluxe Kepler qui donne de très bons résultats pour une fraction du prix de ses concurrents.

Attention toutefois, le choix d'un oculaire est très subjectif : si nous pouvons vous renseigner sur la qualité optique d'un accessoire tel qu'un oculaire, il nous est impossible de prévoir s'il vous plaira ou pas... Essayez les oculaires de vos collègues si possible, adhérez à un club pour vous faire une idée des résultats de chaque oculaire avant achat :-) sinon, faites marcher l'occasion avant de craquer pour l'oculaire de vos rêves !





L'occasion ?

Le soucis des optiques d'occasion est de bien vérifier l'état du matériel. Si l'oculaire est très sale, ou pire si il a été nettoyé, alors adieu... c'est hélas une généralité qu'un oculaire soit vendu peu cher mais avec des défauts liés à son utilisation passée. Soyez toujours attentifs aux rayures et autres défauts !!!

Des oculaires à éviter ?

Si vous débutez, fuyez les oculaires "Plössl" ou "Super Plössl" basiques des marques grand public. Ces oculaires sont généralement mauvais, de même que les Kelner (non pas Kepler) et autres orthoscopiques bas de gamme.

Les Sky-Watcher Plössl WA 66° ne sont pas terribles (formule Erfle simple) préférez-leur les Sky-Watcher Plössl WA 58°.

Évitez les orthoscopiques ou super-monocentriques d'ordre général sauf les versions haut de gamme, et uniquement si vous êtes un "puriste" de l'optique et que vous recherchez la qualité d'image au détriment... de tout le reste (confort, champ, relief oculaire etc...) bref quasi-inutilisables. Ces oculaires sont généralement très bons mais très difficiles à utiliser.





Conclusion...

Il est toujours possible d'utiliser une lentille de barlow avec ses oculaires. L’intérêt de la Barlow est d'autoriser de forts grossissements en gardant un bon confort oculaire. On peut alors profiter d'un plus grand nombre de grossissements mais au détriment (généralement) de la qualité d'image. Autrement, il faut investir dans les modèles haut de gamme. Chez Televue (encore et toujours) on trouve également des "Powermate" dont les qualités sont reconnues par tous.

Cela étant, peu de couples oculaire/Barlow pourront se targuer de donner une image équivalente à ce qu'obtient un oculaire de focale équivalente sans Barlow et de bonne qualité...

Bon ciel à tous !

 

Calculatrice pour oculaires

Instrument :
Rapport F/D (f) :
Diamêtre instrument (pouce) :

Grossissement maximum théorique : x

Focales Oculaires (mm) :
Grossissement : x x x x x
Barlow 2x : x x x x x
Barlow 2,5x : x x x x x